L’estime de soi : un but à atteindre ?

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L’estime de soi est l’une des raisons de consultation les plus courantes. Est-ce vraiment bon pour la santé psychologique ?

L’estime de soi est un terme que nous utilisons couramment. Après tout, elle a longtemps été considérée comme un but à atteindre et même comme un critère d’évaluation de la santé psychologique. Les professionnels s’appuyaient sur le fait que, lorsque l’estime de soi est élevée, la santé mentale est meilleure. Naturellement, on a conclut qu’en développant une haute estime de soi, on améliorerait la santé mentale. Malheureusement, on a aussi conclut qu’une estime de soi basse est aussi signe que quelque chose cloche.

Pendant environ 25 ans, à la toute fin du siècle dernier, le système de l’éducation a énormément misé sur le développement de l’estime de soi chez les jeunes. Beaucoup de lecteurs reconnaîtront là​​ leur cohorte. Les éducateurs – parents, professionnel – et les médias nous ont martelé encore et encore que nous étions beaux, bons et capables.

Et ça a marché ! Dre Kristin Neff, psychologue chercheur à l’université d’Austin au Texas, a mesuré le taux de narcissisme (estime de soi très élevée) chez les élèves du baccalauréat, sur plusieurs années. Elle a trouvé les taux les plus élevés jamais mesurés ! Ces dernières années, la tendance commence à peine à redescendre. Encore aujourd’hui, de nombreux clients me demandent d’intervenir pour qu’ils aient une estime personnelle plus élevée, pensant que leur niveau actuel n’est pas souhaitable. Pour comprendre pourquoi c’est un problème, il faut examiner la recette de l’estime de soi.

Si je veux ressentir une bonne estime de soi, je dois me considérer compétent.e et supérieur.e à la moyenne. Tout simplement ! Mais imaginez un peu… si tout le monde, à la recherche d’une estime de soi élevée, cherche à être au-dessus de la moyenne, en même temps. C’est statistiquement impossible ! Alors comment faire ? L’esprit humain, toujours aussi ingénieux, a trouvé deux moyens:

1. Se mentir à lui-même

Afin de protéger son sentiment d’estime, l’esprit déforme la réalité. Les statistiques sont amusantes. 85% des étudiants considèrent qu’ils ont de meilleures capacités relationnelles que leurs pairs, 94% des professeurs d’université s’estiment meilleurs que leurs collègues et 90% des automobilistes pensent qu’ils conduisent mieux que la moyenne… y compris ceux qui ont eu un accident récemment ! Nous nous pensons plus drôles, logiques, appréciés, beaux, gentils, dignes de confiance, sages et intelligents que nos semblables, et aussi plus lucides ! (source: Kristin Neff)

2. Rabaisser les autres

Bien qu’à ma connaissance, cela n’ait pas été formellement étudié, je suspecte que la hausse de comportements d’intimidation, tant à l’école qu’au travail, est l’un des impacts à long terme de l’emphase trop grande mise sur l’estime de soi dans notre société. Ainsi, je me compare continuellement à la verticale face aux autres. Je cultive le jugement et la médisance, simplement pour me rassurer que d’autres personnes sont inférieures à moi. Je rabaisse les autres dans mon estime… pour me remonter dans mon estime.

Outre les désavantages déjà évidents de déformer notre perception de nous-mêmes et des autres, il existe un autre désavantage importante à la recherche de l’estime de soi: les montagnes russes émotionnelles. Mon estime de soi élevée dépend totalement de mes succès. Impossible de la ressentir quand j’échoue ou que je fais une erreur ! Si je cherche à cultiver l’estime de soi, alors je vais constamment voir varier mon humeur au gré de mes succès et de mes échecs, toute la journée. Je vais devenir esclave de ma performance… et probablement entretenir des émotions comme l’anxiété de performance, la colère, le stress, la tristesse et la honte.

Heureusement, il existe une alternative !

L’auto-compassion !

hands-on-heart

Elle offre tous les avantages de l’estime de soi (bien-être, relation positive avec soi) sans les désavantages. Lorsque l’estime de soi est au rendez-vous après l’un de vos bons coups, profitez-en car c’est effectivement agréable de la ressentir ! Mais lorsqu’elle n’y est pas, l’auto-compassion vous attend, les bras grands ouverts.

Pour en savoir plus sur l’auto-compassion, vous pouvez consulter ces ressources ou encore venir en discuter avec moi!

Suis-je en train de devenir « Alzheimer » ?

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Lorsque mes clients vivent un choc ou une difficulté dans leur vie personnelle, familiale ou professionnelle, il est courant que la situation dure pendant plusieurs semaines, mois ou même années. Cela peut drainer les ressources physiques et psychologiques au point de demander un arrêt de travail. Plusieurs de ces clients rapportent des difficultés à se concentrer, des trous de mémoire, un ralentissement dans la pensée, une difficulté à trouver les mots, à se souvenir de ce qu’ils lisent, à suivre des conversations, etc. Et lorsque ces difficultés perdurent même après la prise de médication ou de repos, ces personnes s’inquiètent. « Suis-je en train de devenir Alzheimer? » « Ai-je un problème plus grave? » « Vais-je arriver à retourner au travail? »

Ces questions sont normales et il peut effectivement être frustrant ou effrayant de constater que votre esprit ne fonctionne pas comme d’habitude. L’une des première chose à considérer, c’est l’effet du stress prolongé sur vos fonctions cognitives. Encore une fois, nous sommes ramenés au fait que le cerveau est d’abord et avant tout un détecteur de menace (voir le site web de Dre Sonia Lupien sur cette question). Cela veut dire que sa priorité, pendant que vous vivez vos difficultés, sera toujours ce qu’il perçoit comme étant menaçant (et non l’article de journal que vous souhaitez lire, encore moins votre liste de courses!).

« Mais… tout ça m’est arrivé il y a 2 mois ! Mon femme-inquièteesprit devrait fonctionner normalement maintenant ! » Me direz-vous. Ce n’est pas si simple !

Le sommeil

En effet, la plupart des gens qui rapportent des difficultés de concentration et de mémoire qui durent dans le temps, rapportent aussi des difficultés de sommeil. Voilà un autre élément à ne pas sous-estimer ! Pendant la nuit, quand il peut vivre des cycles de sommeil complets et non-interrompus, votre cerveau « digère » les choses qu’il a vécues en les restructurant et en les classant dans la mémoire. De plus, votre cerveau a besoin d’environ 5 heures de sommeil de bonne qualité pour faire tout son travail de maintenance. Et il a besoin d’environ 2 heures supplémentaires pour évacuer les toxines produites naturellement par son fonctionnement quotidien (source: Dr Dan Siegel).

Alors, dormez-vous 7 heures de bon sommeil par nuit?

Si la réponse est non, il faudrait d’emblée appliquer les stratégies d’hygiène du sommeil. Vous pouvez aussi consulter un médecin à ce sujet. Une fois que vous aurez stabilisé votre sommeil, il est probable que votre concentration et votre mémoire s’amélioreront aussi dans les semaines suivantes.

Cela à condition que vous ne dormiez pas trop ! En effet, trop de sommeil peut également perturber l’équilibre de votre cerveau, qui n’arrivera toujours pas à vous donner le meilleur de lui-même. Votre cerveau a besoin de stimulation pour fonctionner à son meilleur.

La stimulation positive

Il est important de planifier, tous les jours, des activités intéressantes dans lesquelles vous faites travailler votre concentration et votre mémoire : lecture, jeux de mémoire, sudoku, Scrabble, etc. Sortir de la maison chaque jour et avoir des contacts sociaux est aussi crucial pour votre santé cognitive. D’ailleurs, la recherche suggère que ce sont les contacts sociaux, bien plus que les jeux cognitifs, qui préservent les fonctions cognitives chez les aînés. Et après tout, lorsque vous travaillez, vous utilisez aussi ces fonctions cognitives. Quelle belle manière de vous préparer pour le retour au travail!

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En conclusion, avant de vous alarmer devant vos capacités cognitives diminuées par votre situation actuelle, commencez par appliquer les stratégies d’hygiène psychologique et de sommeil. Si ces difficultés persistent, il se pourrait que l’intensité de vos symptômes demande une intervention en psychothérapie et/ou en neurofeedback.